Compensation de l'erreur périodique
Après avoir réussi la mise en station par la méthode de King. La suite logique consiste à vérifier la qualité de cette mise en station ce qui débouche tout naturellement sur la mesure des erreurs périodiques de la monture et leurs compensation.
1. Mesure de l'erreur périodique
Cette mesure peut se faire avec la même configuration que pour la mise en station, c'est-à-dire, une petite caméra CCD, ici, la Meade LPI et le logiciel Astrosnap. Après avoir pointé une étoile, de préférence sur l’équateur et un peu à l’ouest du méridien (pour éviter le retournement de monture), vous pouvez installer la caméra et la centrer. Il suffit de lancer Astrosnap et de faire une opération d’orientation de la caméra. Contrairement à la méthode de King, cette fois-ci les instructions du logiciel sont tout à fait correctes et on doit simplement les suivre scrupuleusement. Détail important, il faut que la monture dispose d’une fonction lui permettant d’arrêter le « tracking ». En effet, pour déterminer l’orientation de la caméra, le logiciel va suivre l’étoile alors que la monture est arrêtée. Son déplacement sur l’écran donne tout naturellement la direction ouest.
Ensuite, il suffit de lancer l’opération « erreur périodique », de créer un fichier pour les mesures et de lancer les mesures. Après, il suffit d’attendre 20 minutes environ pour une monture avec 6 minutes de période pour la vis sans fin.
Il est important de noter la déclinaison exacte de l’étoile qui sert de cible. En effet, l’amplitude des erreurs mesurées dépend aussi de cette déclinaison. J’utilise Stellarium pour choisir l’étoile et obtenir cette information.
Phase suivante, exploiter et comparer les résultats : J’ai trouvé un petit utilitaire très simple et gratuit, PEAS, à télécharger sur http://www.grecner.cz/astro/peas_f.htm
Il permet de visualiser les erreurs de suivit en quelques secondes. Voici un exemple :
Les résultats donnent des écarts de ±13 secondes d’arc ce qui est assez honorable pour la CGE avec une William Optique FLT 132.
Cependant, avec une résolution du pixel à 1.8 secondes d’arc, les écarts sur de poses longues seront de ±7 pixels.
2. Compensation des erreurs périodiques:
L’étape suivante consiste à réduire cette erreur périodique en utilisant la fonction PEC de la monture. En prenant le manuel d’utilisation de la monture Celestron, on peut lire que la méthode pour enregistrer la PEC est très simple, il suffit de pointer une étoile avec un oculaire réticulé de lancer la fonction PEC en mode « record » et de maintenir l’étoile au centre du réticule pendant… 20 minutes ! Inutile de vous dire que c’est quasiment impossible. Après 3 tentatives infructueuses au cours desquelles, j’ajoutais plus d’erreurs que je n’en compensais, je suis retourné surfer sur le net et j’ai trouvé un autre outil, PEMPro v2.0. Il n’est pas gratuit, mais il existe une version d’évaluation de 40 jours qui est bien suffisante pour faire l’enregistrement des erreurs périodiques. http://www.ccdware.com/products/pempro/
Cette fois-ci, c’est un peu plus compliqué car il va falloir connecter le télescope au PC. En général, il faut des câbles et adaptateurs pour passer de l’USB au port de contrôle de la monture. Il n’y a pas de règle générale. Pour la CGE, on dispose d’un câble RS-232, connecté à la télécommande. Les PC n’ayant plus aujourd’hui de RS-232, il faut un adaptateur RS-232 vers USB. On en trouve un peu partout. Une fois la connexion physique réalisée, il faut télécharger les drivers pour sa monture. Ici encore, une ressource gratuite permet de traiter quasiment tous les cas. Il s’agit des drivers ASCOM http://ascom-standards.org/ Une fois les différents drivers chargés, il est relativement facile de prendre le contrôle du télescope avec le logiciel. Il faut ensuite passer par des procédures de calibrations un peu longues mais le logiciel est parfaitement documenté. Il est donc facile de les faire puis de lancer l’acquisition de plusieurs périodes de rotation de la vis sans fin. PEMPro propose alors différentes options de corrections
La courbe rouge correspond aux mesures et la bleu à la synthèse numérique la plus approchante. Cette courbe bleu est ensuite transformée en une série de corrections qui est envoyée à la monture par le logiciel lui-même ce qui est beaucoup plus fiable que des corrections manuelles. Ensuite, pour vérifier l’efficacité du mode PEC, j’ai tout simplement refait une mesure d’erreur périodique avec le logiciel Astrosnap, mais en mettant le PEC sur « ON ». Voici le résultat
On passe de ±13 à ±5 secondes d’arc ou bien ±2.8 pixels, soit une réduction de 60% de l’erreur périodique.
Conclusion : avec une petite caméra, de nombreux logiciels, gratuits, pour la plupart, et beaucoup de patience, on peut arriver à maitriser les erreurs de pointage et de suivi afin de faire de la photo au foyer et tirer le meilleur parti possible de son matériel. Je dois avouer que le plaisir réside dans l’exécution de tous ces tests autant que dans l’obtention du résultat (contrôle du pointage). S’il y en a parmi vous qui souhaitent en savoir plus, n’hésitez-pas à me contacter, on pourra même envisager une session de travaux pratiques à l’observatoire. Un dessin valant beaucoup mieux qu’un long discours.